Voltaire et l´affaire Calas



L´affaire Calas se produit au cœur du XVIIIe siècle, commencé sous le règne

d´un monarque absolu et achevé par la Révolution. Ce siècle voit la fin d´un système politique sous la poussée des idées des philosophes des Lumières. Au XVIIIe siècle, l´église constitue un véritable État dans l´État. Le catholicisme se montre particulièrement intolérant à l´égard des protestants. Ceux qui sont restés en France, sont l´objet d´accusations iniques comme Calas et Sirven.

L´Edit de Nantes (1598), reconnaissant la liberté de culte aux protestants, est révoqué le 18 octobre 1685 par le roi Louis XIV. Dès lors, il faut convertir de force les protestants. Les protestants n’ont plus accès aux charges et aux dignités publiques ni à certaines professions. Ils ne sont pas inscrits sur les registres de l’état civil. Selon l´article « Réfugiés » de l´Encyclopédie, un million de personnes abandonnent la France. À Toulouse, ville notamment catholique, la famille Calas va souffrir une condamnation inique due au suicide d´un de ses fils.

L’affaire Calas a eu un retentissement considérable en France. À Ferney, arrivent les nouvelles du drame vécu à Toulouse et Voltaire décide de mener l’enquête. La famille Calas arrive voir le philosophe et celui-ci est convaincu que Marc-Antoine n’a pas pu être assassiné par son père. Une nouvelle tâche

s´impose au Philosophe. Ferney devient « la maison de la défense de la famille Calas ». Pamphlets, visites, conversations, discussions commencent pour réhabiliter Jean Calas. Voltaire entreprend la rédaction de son essai « Traité sur la tolérance » dès octobre 1762. Son premier chapitre expose l´affaire Calas et ensuite il entreprend une vaste réflexion sur la tolérance. Voltaire convainc le roi de l´innocence de Calas : le roi ordonne le Parlement de Toulouse de communiquer la procédure. En 1765, le capitoul qui a mené

l´enquête David de Beaudrigue est destitué. Le 9 mars 1765 Jean Calas et sa famille sont définitivement réhabilités. « Ce fut dans Paris une joie universelle : on s'attroupait dans les places publiques, dans les promenades ; on accourait pour voir cette famille si malheureuse et si bien justifiée ; on battait des mains en voyant passer les juges, on les comblait de bénédiction » décrit Voltaire. La législation antiprotestante ne fut pas révisée immédiatement. Ce ne fut que 22 années plus tard que Louis XVI signa l’édit de Versailles, édit de tolérance restituant aux protestants seulement leur état civil. La Révolution arrivait en France et avec elle la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 proclament la liberté de conscience (article 10) et la liberté d’opinion (article 11).